Quelques jours en Belgique, sur la route de Louvain...

Nous voilà partis visiter Leuven (que nous connaissons sous le nom de Louvain), et là nous passons une frontière, invisible mais bien réelle, car d’un seul coup plus rien n’est écrit en français, même pas en bilingue, tout est en néerlandais, donc adieu la sensation de « chez soi » d’hier ! Leuven est une cité universitaire catholique, et ce depuis 1425, et des grands noms y ont vécu, tel Erasme, qui y fonda l’Université des trois langues, ou Jansénius au XVIIè siècle. La partie francophone a été déplacée à Louvain-la Neuve, à 30 km de là. Malgré le passage dramatique de deux guerres(1914, 1940 et 1944) Louvain, capitale du Brabant, a su toujours renaître de ses cendres et faire perdurer un passé glorieux.
Mais d’abord, faisons halte à Fosses-la-ville, ancienne Bonne Ville de la principauté de Liège. A l’emplacement d’un ancien monastère irlandais se dresse la collégiale Saint-Feuillen.
La place du Chapitre évoque les chanoines qui vivaient autour de celle-ci.

Adossé à l’église, un reclusoir, où une femme (le plus souvent)  finissait sa vie.

Les recluses décident de leur enfermement soit par vocation, soit par pénitence. Ces dernières s’en remettaient au bon vouloir des passants pour se nourrir, qui leur glissaient boissons et nourriture par une petite ouverture grillagée.

Personnellement, ça me fait froid dans le dos !!
 La tour et le clocher :

Nous voilà repartis, et nouvelle halte à Tourinnes-la-Grosse, et quand on voit le clocher de l’église on comprend pourquoi « grosse »!!

L’église Saint Martin, dont le clocher évoque plutôt un donjon, est une des plus anciennes de Belgique, de style roman, avec un chœur où le gothique commence à poindre.

A l’intérieur, une belle exposition du céramiste Max Van Linden, dont les œuvres représentent des villes, des scènes de vie.

Une rencontre curieuse : cette ferme au pignon orné d’un bouc, et je ne sais pas si ce sont les visites des églises qui me font penser ça, mais je le trouve assez diabolique !

Nous arrivons à Leuven, qui méritera largement une note particulière !

Quelques jours en Belgique : Liège

On croise sans cesse l’Histoire de France quand on se promène en Wallonie, qui n’a entendu parler de Charles le téméraire ? ou  Vauban, Louis XIV, ou Bonaparte…? Et ce n’est pas forcément un bon souvenir chez nos amis Belges, même si pour moi cela m’a donné un grand sentiment (usurpé, sans nul doute ! ) d’être un peu « à la maison » !

Première visite : Liège

La principauté de Liège, relevant du Saint Empire Romain germanique, avait à sa tête un prince-évêque, jusqu’en 1794, quand la Révolution puis Bonaparte décidèrent d’étendre les frontières françaises et devint la ville principale du département de l'Ourthe (du nom de la rivière.)
L’abbatiale bénédictine, puis collégiale St Jacques, en est un des plus beaux monuments !

Elle est de style gothique flamboyant, avec cependant une tour clocher de style roman.

L’intérieur est somptueux, avec de magnifiques plafonds nervurés et décorés de rinceaux, et un extraordinaire buffet d’orgues du XVIIè siècle.

le chœur

Autre merveille, la cathédrale St Paul, les rinceaux du XVIè siècle de la voûte,

…ses belles verrières allant du 14è au 21ème siècle…

…ou les statues (la plupart de Del Cour) :

Les fonds baptismaux

Le trésor de la cathédrale possède le buste reliquaire de St Lambert, en vermeil :

Le reliquaire de Charles le Téméraire(l’ennemi déclaré de notre Louis XI, relisez « Quentin Durward » de walter Scott !)  représente le duc agenouillé, Saint Georges debout derrière lui :

Le Trésor rassemble des œuvres d’art exceptionnelles dans des salles d’exposition intégrées à l’architecture du monument.

J’adore par dessus tout les cloîtres, et la collégiale St Jean en l’isle(un bras de la Meuse l’entourait autrefois) m’en offre un superbe :

Un petit creux se faisant sentir, une brasserie nous accueille, et je peux déguster les « boulets à la liégeoise » avec bien sûr des frites (des vraies, hein ? pas des surgelées ! ^^) et… de la bière ! de la bière blanche pour moi. Enfin, j’ai seulement goûté !

La visite continue avec l’ancien palais des princes-évêques, maintenant palais de justice, gothique et néo-gothique.

Le perron :  Emblème de la juridiction épiscopale, devenu symbole des libertés communales, il connut des fortunes diverses (rapt par Charles le Téméraire, tempête…)

La promenade continue…

…pour atteindre la citadelle, ces escaliers impressionnants, les escaliers de Bueren…(373 marches)

…nous ont fait reculer, nous avons préféré les petites venelles en escalier et les jardins intimes qu’elles bordent :

De jolies découvertes :

Un monument à un héros de la grande Guerre, Dieudonné Lambrecht, place Saint Barthélémy :

Cette fontaine est élevée à la mémoire de Dieudonné Lambrecht, fusillé par les Allemands en 1916. Les inscriptions mentionnent ses hauts-faits d'armes et ses distinctions militaires. Elles sont gravées sur les plaques de bronze de chaque oculus. La fontaine est construite avec des matériaux provenant de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert. Carrée, surmontée d'une coupole couronnée d'une pomme de pin, comme le perron, elle est entourée de quatre bassins semi-circulaires.(Wikipedia)

 

La collégiale St Barthélémy, style rhénan-mosellan du XIIè siècle, où nous n’avons pas pu rentrer… trop tard !

Un curieux monument et fer :

Cette œuvre en acier Corten est une commande du Groupe Cockerill-Sambre (ArcelorMittal, en 2006) à l'artiste Mady Andrien. Au sommet du plan incliné, le haut-clergé principautaire du Prince-évêque , onze ecclésiastiques, hiératiques, vêtus de leur lourd manteau, arborant la crosse et la mitre, toisent les petits personnages qui, à leurs pieds et sous leur nez, effectuent une farandole, symbole de leur joie de vivre et du peu de respect de l’autorité. Cette œuvre monumentale réalisée en 1992 teintée d’humour célèbre les 175 ans de l’installation de son fondateur, l'Anglais John Cockerill, en terre liégeoise.(Wikipedia)

La maison de Jean Curtius, riche munitionnaire des armées espagnoles :

Le Grand Curtius est un ensemble muséal.

Il occupe notamment la résidence et le palais Curtius, les hôtels de Hayme, de Bomal et Brahy, et la maison Dewilde. Son nom lui vient de Jean De Corte, dit Jean Curtius, industriel liégeois et négociant d'armes du XVII^e siècle qui construit sa demeure, le palais Curtius au bord de la Meuse .

Une dernière curiosité :

J'espère que si tu passes par là, Alex, tu ne seras pas trop choqué de mes erreurs éventuelles... et merci encore !

La prochaine note sera Leuven (Louvain, pour nous !)

 

 

 

 

Le jour des merveilles : Kyoto

J'ai demandé à Tadashi : "Verrons-nous les fameux jardins zens, en sable et en pierres ?" "oui, " m'a-t-il dit, "demain ..;" et nous y voilà ...
Nous allons visiter aujourd'hui les temples de Kyoto les plus célèbres, et aussi les plus beaux, et la rançon de ce bonheur, c'est qu'ils sont  aussi les plus touristiques ... Donc il va y avoir du monde ... Le premier, ce matin est le Ryoan-ji (temple du repos du dragon) qui renferme le fameux jardin des quinze pierres (karesansui)connu du monde entier et classé, comme monument historique de l'ancienne Kyoto, au patrimoine mondial de l'UNESCO.  On pénètre dans le temple et on longe la belle pièce d'eau qui date de l'époque où le temple était la résidence d'été d'une famille noble.

sur les sentiers, dans de merveilleux jardins de mousse ...

Le karesansui(jardin de pierres)mesure 10 m de large sur 30 m de long, il contient quinze pierres entourées de mousse par groupe de 2 ou trois. Il est clos sur trois côté par des  mur d'agile et d'huile bouillie, d'une douce patine ocre aux délicats dessins créés par une fine pellicule d'huile. Le dernier côté est la véranda du hojo, maison de l'abbé, maison de bois et de papier constituant en elle-même un chef d'œuvre.

D'où que l'on se place on ne peut jamais voir les 15 pierres, seule l'illumination permettrait de voir la dernière ...  les petits graviers blancs ratissés figurent la mer ... mais on ne connait  pas exactement l'interprétation exacte de ce jardin.
Des paravents aux superbes dessins à l'encre ou à la peinture ornent les pièces des bâtiments monastique, un préau conduit vers les lieux où les touristes ne sont pas admis ...

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En contournant le hojo, à l'arrière dans un magnifique jardin de mousse se trouve la tsukubai (bassin à eau en pierre où l'on se rinçait la bouche et les mains avant d'entrer au temple). Celle-ci est creusée en son centre d'un carré figurant un kanji ; associé aux quatre caractères des côtés on peut lire la formule zen : je n'apprends que la satisfaction" sujette à de multiples interprétations.  Cette tsukubai est petite et cachée, si Tadashi ne nous y avait pas conduits nous ne l'aurions pas vue ...

À travers les jardins de mousse, les arbres encore dépouillés s'égaient par endroit de la floraison précoce d'un prunier ou d'un cerisier ...

les coussins des massifs d'azalée que l'on imagine en fleurs au mois de mai ...

j'ai pris quelques images en gros plan des diverses mousses qui couvrent le sol et qui sont soigneusement ratissées et entretenues ...

Une pergola de glycine au troncs certainement centenaire, que l'on peut aussi imaginer couverte de grappes de fleurs

Un petit temple sur l'une des trois îles de la pièce d'eau, et un arbre soigneusement étayé :

Notre visite suivante sera celle du Rokuon-ji, connu son son nom populaire de Kinkaku-ji (le pavillon d'or)

Dans les années 1220, le site abrite la villa Kitayamadai ainsi que le temple Saionji, inauguré en 1224. Après le déclin des Saionji, la villa et le temple ne sont plus entretenus ; seule un étang demeure de cette époque.

Yoshimitsu (1358-1408), le 3e des shoguns Ashikaga, abdique en 1394 pour laisser la place à son fils Yochimochi. en 1397, il achète le site au clan Saionji et commence à y construire une nouvelle villa, Kitayamaden,  pour en faire un lieu exceptionnel, destiné à accueillir plusieurs reliques bouddhistes. Il y réside jusqu'à sa mort. Après sa mort et conformément à ses volontés, son fils Yochimochi en fait un temple Zen de l'école Rinzai.

Le temple a été brûlé plusieurs fois pendant la guerre d'Ōnin (1467-1477) et seul le pavillon d'or a survécu. Le jardin a cependant gardé son aspect de l'époque.
En 1950, le Pavillon d'or a été entièrement incendié, par un moine mentalement déficient ; cet événement est au centre du roman de Yukio Mishima, Le Pavillon d'or. Le bâtiment actuel, reconstruit à l'identique, date de 1955.

En 1987, il est rénové et reçoit une nouvelle couche, cinq fois plus épaisse, de feuilles d'or,  enduites d'un vernis-laque à base d'urushiol (l'huile produite par le sumac vénéneux) pour ainsi la préserver  contre les intempéries. Cette laque était utilisée autrefois pour protéger différentes objets , comme les armes, œuvres d'art, objets ménager et même les meubles.
En 1994, le Pavillon d'or est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Le passage des nuages change la lumière et modifie les teintes magnifiques de ce lieu magique ...

Le pavillon d'or (金閣, kinkaku), situé dans son jardin a rendu le temple célèbre. Le bâtiment est entièrement recouvert d'or pur, à l'exception du rez-de-chaussée. Il sert de shariden, contenant des reliques de Bouddha.
Il regroupe trois types d'architecture différents :
    •    le rez de chaussée (Hō-sui-in) est de style Shinden-zukuri, le style des palais de l'époque Heian.
    •    Le premier étage (Chō-on-dō) suit le style Buke-zukuri des maisons de samouraï.
    •    Le deuxième étage (Kukkyō-chō) est de style Karayō, celui des temples Zen.
Au sommet du toit couvert de bardeaux se trouve la sculpture d'un fenghuang doré, ou « phoenix chinois » (鳳凰, hōō).

L'étang, Kyoko-chi(l'étang du miroir) comporte plusieurs îles plus ou moins grandes. Il reflète le pavillon d'Or, Le rez-de-chaussée, qui n'est pas doré, donne l'impression que la partie en or flotte au dessus de la surface de l'eau...

Contournant le temple, nous pénétrons plus avant dans les jardins en grimpant sur un sentier bordé de barrières de bambous.

Nous longeons un second étang plus petit, avec sa pagode de pierre Hakuja-no-Stuka(en mémoire du serpent blanc).

Notre guide, Tadashi nous montre la maison de thé. Les shogun en faisaient bâtir une (ou plusieurs) dans les jardins sur des sites choisis pour la vue paisible  et la beauté des perspectives, afin de pratiquer la cérémonie du thé dans un esprit de sérénité, et de recherche permanente de la beauté. Ces maisons toutes petites ne servaient qu'à cela.

Ayant quitté le temple, nous longeons un petit canal, sous les cerisiers sur ce qu'on nomme le Chemin des Philosophes ou de la Philosophie car un philosophe japonais renommé Kintaro Nishida, aimait s'y promener.

Nous le prenons pour nous rendre dans un autre site célèbre : le Pavillon d'Argent, ou Ginkaku-ji.

Bien que connu sous le nom de Ginkaku-ji, le nom officiel du temple est Jisho-ji (慈照寺). Il a été construit en 1482 par le shogun Ashikaga Yoshimasa, qui voulait rivaliser avec Kinkaku-ji, le pavillon d'or, construit par son grand-père Ashikaga Yoshimitsu. Son intention était de couvrir le pavillon d'argent, mais à cause de  la guerre Onin, qui avait éclaté quelques années plus tôt, en 1467, la construction a été arrêtée et le pavillon n'a jamais été couvert d'argent.
Une explication plus poétique dit que c'est la clarté de la lune se reflétant sur le jardin de pierre qui revêt d'argent le Pavillon ...

 

 Le bâtiment, qui devait être un monument ostentatoire, est maintenant pris en exemple pour montrer le raffinement dans la simplicité de la culture Japonaise. Beaucoup de Japonais pensent qu'il est plus beau que son homologue doré.
Comme le Kinkaku-ji, le Ginkaku-ji a été construit pour servir de retraite  calme et de solitude pour le Shogun. S'étant retiré dans sa villa, il est dit que Yoshimasa s'asseyait dans le pavillon, contemplant le calme et la beauté des jardins, pendant que la guerre Onin empirait et réduisait Kyôto en cendres. En 1485, Yoshimasa devint un moine Bouddhiste Zen et après sa mort le temple devint un temple nommé Josho-ji.
Des différents bâtiments de l'époque, seul a survécu le Pavillon d'Argent. En plus du pavillon, le temple possède un terrain boisé couvert de mousses et un jardin japonais qu'on attribue à Soami. Le jardin de pierres et de sable de Ginkaku-ji est particulièrement célèbre et un tas de sable, qu'on dit laissé par les ouvriers quand les travaux ont été interrompus, en fait maintenant partie. Il symboliserait le mont Fuji.
Il est difficile de voir le jardin de pierre en entier, il y a trop de monde et on ne peut entrer dans le pavillon qui permettrait une vue en hauteur ....

... donc quelques images trouvées sur le net (en automne et en hiver ...)

Ici aussi un miroir d'eau met en valeur le pavillon ...

Les pivoines ne sont pas encore fleuries, ...

Gravissant un sentier nous pénétrons plus en avant dans les jardins vers les hauteurs où le parc se fond dans les bois naturels logeant une pièce d'eau couleur jade...

Le temple bouddhiste Togudo, bâti devant un étang indique la volonté de joindre le Jodo et le Zen bouddhiste. C'est le plus vieux bâtiment de ce style au Japon, le toit est en bardeaux de cyprès.

Arrivés en haut de la colline admirez la vue sur le Ginkaku-ji et sur Kyoto :`

Le karensansui, jardin du temple, est du style "promenade au bord d'un lac"

Nous n'en sommes qu'à la moitié de ce jour des merveilles, juste le temps d'avaler une assiette de soba, salaisons et tampura, et nous voilà repartis ...

à suivre .....