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Le sac à dos violet - Page 138

  • Kurosawa et "le château de l'araignée"

    le château de l'Araignée

     

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    Inspiré librement de "Macbeth" (mais on retrouve quand même très bien la trame de l'histoire) le film se situe au XVIème siècle en pleine période des guerres civiles japonaises. Traversant une forêt (la forêt de l'araignée) les généraux Washizu et Miki rencontrent un esprit qui leur prédit que Washizu sera le seigneur du château de l'araignée mais que ce sera le fils de Miki qui lui succèdera. Washizu raconte la rencontre à son épouse qui va l'influencer ...
    Washizu : Toshiro Mifune (l'acteur fétiche de Kurosawa)

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    Asaji, son épouse : Isuzu Yamada

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    Le film est sorti en 1957 au Japon. Ce film devint rapidement une référence pour les adaptations de Shakespeare au cinéma. J'ai eu la chance de trouver la version collector avec des interviews passionnantes qui ont éclairé vraiment le film.
    Kurosawa a réussi le tour de force de garder l'atmosphère particulière de la pièce de Shakespeare (ambiance fantômatique, sorcière, thème du sang...) tout en rendant un hommage du théâtre Nô, cher à la culture japonaise, mais de l'aveu même du réalisateur, difficile à comprendre par le reste du monde, et même certains Japonais, ajoute-t-il en souriant. Il dit aussi que mal joué le No est un concours de sieste ...
    Kurosawa a voulu bâtir les décors du château sur les pentes du Fuji-san, non pour montrer la montagne mais "parce que c'était la pente qu'il voulait filmer"Heureusement que la base américaine proche a fourni de la main d'œuvre, car il a fallu en plus décharger des tonnes de sable pour surélever l'entrée. Kurosawa voulait aussi ce lieu afin de pouvoir tourner dans le brouillard (abondant et quotidien sur ces pentes ... )

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    Ceci est la remarque de l'accessoiriste, témoignant des difficultés du tournage ...

    L'influence du
    théâtre Nô est flagrante dans la séquence de l'esprit de la forêt. Une scène traditionnelle du Nô :

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    et la scène de l'esprit dans la forêt,  avec la même cabane "cage" et le même rouet, l'aspect fantômatique donné par une forte surexposition de l'actrice :

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    En voyant la cabane je me suis dit : drôle de cabane en bâton ... et ensuite j'ai compris que c'était la reproduction du minimalisme des décors du Nô, que l'on trouve aussi dans l'intérieur du château, les murs de bois brut noircis à la fumée et éclaboussés de sang, et toujours l'image de ces baguettes :

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    Kurosawa exigeait que les acteurs utilisent les postures traditionnelles du Nô, leur façon de s'asseoir très lentement, (soit à deux genoux, soit un genou levé ):

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    Il a voulu aussi donner aux visages des acteurs les expressions des masques de Nô, celui de l'action pour Mifune ......

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    ...... servi par la mobilité extraordinaire du visage de l'acteur et un maquillage impressionnant, et pour l'épouse c'était le masque de l'immobilité (elle n'avait pas le droit de cligner des yeux ...)et pour la scène où elle se lave les mains il voulait que l'on pense que ses yeux contenaient de la poudre d'or ( l'actrice ayant même essayé ... !!! )

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    Le film se termine par une scène extraordinaire, Washizu criblé de flèches par ses propres archers, et le pauvre Mifune a réellement été la cible d'archers qui lui ont tiré dessus, Kurosawa voulait qu'il ait vraiment l'air d'avoir peur ... En fait il y avait un truc entre les tireurs et l'acteur qui par ses gestes indiquait dans quelle direction il allait bouger pour que les tirs soient décalés de l'autre côté ... Very Happy mais quand même, ça ne devait pas rigoler tous les jours sur les tournage du grand Kurosawa !!! Ceux qui se plaignent de james Cameron aurait dû tourner avec lui !!!

    Commentaire d'une amie :

    Cependant le film fut assez décrié à sa sortie :


    « Au lieu de bruit et de fureur, ce n’est plus que gesticulation et tintamarre (...). Jamais aucun jeu d’acteurs ne m’a paru aussi grossier, artificiel et monotone »
    Eric Rohmer

    « Entre les mains de Kurosawa scénariste, la superbe pièce de Shakespeare devient une sombre bagarre de brutes, se disputant la conquête d’un château. Aucune sincérité, aucune émotion, aucun sens réel du tragique n’animent ces pantins hurlants. Il ne suffit pas pour restituer le climat de Macbeth de faire tourner trois chevaux dans le brouillard et des samouraïs hystériques, chargés d’armure (...). Il n’y a rien, strictement rien à sauver d’une pareille entreprise. Il faut reconnaitre à Kurosawa le droit de faire du cinéma commercial, et – à nous autres – celui de le dénoncer, et de rejeter une duperie, sous prétexte qu’on nous invoque un alibi culturel ».
    Henry Chapier


    En effet, Kurosawa ne reprend pas le texte de Shakespeare (probablement par difficulté de traduction) et change le nom des personnages. Imaginez un peu les cris d'orfraie des puristes. rabbit N'empêche, Laurence Olivier sera très impressionné par le film. Na !
    Mais peu importe. Le Château de l’Araignée témoigne avant tout de l’étendue du bagage classique du cinéaste et de sa parfaite connaissance des différents ressorts de la tragédie : luttes de pouvoirs, trahisons fratricides et assassinats.
    En japonisant Macbeth, Kurosawa, prouve que Shakespeare est universel, et recentre le récit sur l'action et les motivations des personnages.
    Et c’est alors au niveau de la forme que le film fait la différence.

    L'incursion du théâtre Nô est stupéfiante. Utiliser une forme théâtrale typiquement orientale pour adapter une pièce de théâtre typiquement occidentale, c'est assez brillant. Et même sans rien savoir du théâtre nô et de ses conventions, on reste saisie la puissance/la folie que cela donne aux personnages.
    Autre aspect impressionnant du film : les décors. La terre noire du mont Fuji, le brouillard qui encercle le château, et au delà une forêt insondable. Ils renforcent l'ambiance oppressante et fantastique du récit.

    Et cerise sur le gâteau, les amateurs d'armures de samouraïs apprécieront les costumes. Et pour cause, les guerriers ont été équipés « d’authentiques reproductions » d’armures. Et même si on n'y connait rien (comme moi), c'est effectivement magnifique


    Pour moi,
    Je pourrais comprendre ces critiques  si elles ne venaient pas de personnes comme Rohmer ou Chapier, sensés avoir une vaste culture ! En effet je reconnais très humblement que si j'avais vu ce film il y a quelques années (pas beaucoup !! lol! ) n'ayant jamais rien lu, rien vu de japonais j'aurais pu penser quelque chose comme ça ... Mais ces personnes, cinéphiles avertis, auraient pu voir un peu plus loin que leurs propres habitudes Very Happy
    Comme je l'ai dit je n'ai ni vu ni lu la pièce, donc je ne peux pas vraiment juger de l'adaptation, cependant, si je me fie au texte de Jan Kott, Shakespearien de réputation internationale :

     
    "Macbeth peut devenir roi, donc il doit devenir roi ; il tue tous les témoins, et ceux qui soupçonnent le crime ; il doit tuer les fils et les amis de ceux qu'il a tués précédemment ; après quoi il doit tuer tout le monde car tout le mpnde est contre lui :
    Citation:
    Battez toute la contrée. Pendez ceux qui parlent de peur! ... Donne-moi mon armure !

    À la fin lui-même sera tué, il a parcouru tout le grand escalier de l'histoire.


    J'ai trouvé exactement cet engrenage implacable de violence dans le film, mais c'est l'épouse, telle une voix intérieure matérialisée(aspect renforcé par son apparence fantômatique)qui le pousse sans cesse en avant.

    Toujours Jan Kott :

    Citation:
    L'histoire de Macbeth manque de transaprence. Le mécanisme se met en marche, après, tous y seront écrasés, on patauge dans le cauchemar, on s'y enfonce jusqu'au cou.
    .....
    L'histoire est gluante et épaisse comme une bouillie de sang"


    Et le sang est fort présent dans le film de Kurosawa. Les murs en sont éclaboussés, les mains en sont souillées jusqu'au coude ... Et le noir et blanc, loin de nuire, renforce au contraire ce sentiment : que peuvent être ces souillures, ces traînées, ces éclaboussures sombres sur les murs, se demande le spectateur, sinon du sang ? Et cette question génère bien plus d'angoisse que la vision certaine de la couleur rouge répandue à foison ...
    Citation:

    "Le sang, dans Macbeth, n'est pas seulement une allégorie, il est matériel, physique et coule des corps massacrés ..."


    Pourtant on ne voit pas les deux crimes essentiels, la mort du roi et celle de Banquo (Miki dans le film).
    Pour le premier meurtre,on voit seulement Washizu revenir du massacre, halluciné et hébété par ce qu'il vient de commettre, effondré au sol, s'agrippant à la lance ensanglantée et c'est son épouse qui va détacher un à un ses doigts crispés de l'arme, couvrant à son tour ses mains de sang...

    la fameuse scène où elle tente de laver ses mains dans un bassin vide ...

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    Citation:(Jan Kott)
    L'histoire (de Macbeth)est ramenée à sa forme la plus simple, à une seule image, à un seul partage : entre ceux qui tuent et ceux qui sont tués

    Macbeth tue pour le pouvoir, mais c'est illusoire, on ne le voit pas exercer ce pouvoir, c'est une abstraction qui ouvre la porte à ce qu'il y a de pire en lui, et j'ai ressenti absolument cela en regardant ce film ... Si la phrase "un récit plein de bruits et de fureur et qui ne signifie rien" n'est pas citée, elle n'en est pas moins le résumé exact de l'atmosphère de ce film, elle y est induite à chaque instant, et l'utilisation des techniques du Nô, si étranges et presque dérangeantes au départ pour nous européens ne fait que la renforcer. je n'arrive vraiment pas à voir là un film "commercial" ou trop "occidentalisé" ...
    Alors à moins que Jan Kott n'ait rien compris à l'œuvre de Shakespeare, Je pense que Kurosawa l'a très bien assimilée ...
    Bref, en un mot, messieurs Rohmer et Chapier eux, n'ont rien compris au film, désolée pour eux !!! lol!

    Une anecdote concernant les armures : les GI américains venus en voisin sur le tournage et voyant les armures étalées au sol prêtes pour l'emploi les croyaient en vente et voulaient les acheter et le petit sourire de l'accessoiriste racontant cela vaut un long discours !! Very Happy




       

     







  • Akira KUROSAWA

    Sur mon cher forum (the inn at lambton) nous avons entrepris un challenge Shakespeare : une pièce par mois, la lire et voir en sprint un film adapté de ladite pièce, vu par toutes sur un week-enf. J'ai raté le premier (la tempête) mais je me suis incrustée pour le deuxième : Macbeth, pour avoir une bonne raison d'acquérir l'adaptation que Kurosawa en a faite, "le château de l'araignée" Déjà ce titre !!! moi qui suis arachnophobe, je le trouvais troublant et attractif à la fois !! Le sprint n'a pas porté sur ce film mais sur un autre dont je ne parlerai pas ici. commençons par une présentation de ce mythique réalisateur japonais :

     

    KUROSAWA Akira

     

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    Le réalisateur, aux environs des années 50.

    Akira Kurosawa (黒澤 明, Kurosawa Akira?) est un réalisateur, producteur, scénariste et monteur japonais, né à Tokyo le 23 mars 1910 et mort à Tokyo le 6 septembre 1998. Avec Yasujirō Ozu et Kenji Mizoguchi, il est considéré comme le cinéaste japonais le plus célèbre et le plus influent de l'histoire. En 57 ans de carrière cinématographique, il réalisa pas moins de 30 films.
    En 1943, au cours de la Seconde Guerre mondiale, il réalise son premier film, La Légende du grand judo (Sugata Sanshiro).

     

    Son huitième long métrage L'Ange ivre (酔いどれ天使, Yoidore tenshi) sort en 1948 et est acclamé par la critique, et marque les débuts de l'acteur Toshirō Mifune, qui tournera au total 16 films avec Kurosawa.

     

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    Kurosawa a commencé par le dessin et la peinture (illustrateur) puis après avoir été assistant-réalisateur il se met à écrire des scénarios, mieux payés. La censure juge son premier film "La Légende du grand judo (Sugata Sanshirō) trop anglo-saxon et c'est grâce à OZU Yasujiro qu'il sort avec 18 minutes coupées.

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    Les Hommes qui marchèrent sur la queue du tigre (Tora no o wo fumu otokotachi)( septembre 45), marque déjà son goût pour l'influence du Nô, mais la censure américaine le bloque jusqu'en 1952.

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    Rashōmon, Lion d'or à Venise, suscite l'intérêt du public américain pour le cinéma japonais dans les années 1950, éclipsant le cinéma italien. Le film sort en France, en Allemagne de l'Ouest, au Danemark, en Suède et en Finlande. Grâce à cette renommée, d'autres cinéastes japonais commencent à recevoir des récompenses et à diffuser leurs travaux en Occident, comme Kenji Mizoguchi, et un peu plus tard Yasujiro Ozu, reconnus au Japon mais totalement inconnus en Occident

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    En 1952 il réalise Les Sept Samouraïs (七人の侍, Shichinin no samurai) premier véritable chanbara de Kurosawa, genre pour lequel il est aujourd'hui le plus connu. Le film sort en avril 54. Il reste considéré par certains Japonais comme le meilleur film nippon de tous les temps ... L'américain Delmer Daves s'en inspira ouvertement pour tourner "les 7 mercenaires" ...

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    En 1957 il adapte "Macbeth" de Shakespeare dans le film "Le Château de l'araignée (蜘蛛巣城, Kumonosu-jō" qui devient rapidement une référence d'adaptation shakespearienne à l'étranger, bien que certains critiques (surtout français) lui reproche d'être trop occidentalisé ... )

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    Cependant il ne retrouve pas le même succès auprès du public japonais et tourne alors "La Forteresse cachée (隠し砦の三悪人, Kakushi toride no san-akunin?), film d'action-aventure qui fut un énorme succès au box-office, chaudement accueilli par les critiques.
    Aujourd'hui, le film est considéré comme l'un des films les plus légers et faciles de Kurosawa, mais reste très populaire pour ses nombreuses influences, notamment sur le space opera Star Wars de George Lucas sorti en 1977.

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    En 1965, il tourne Barberousse, le dernier film avec Toshirō Mifune. Yu Fujiki, un acteur ayant travaillé sur Les Bas-Fonds, déclare à propos du rapprochement des deux hommes que « le cœur de M. Kurosawa était dans le corps de M. Mifune »Donald Richie décrit leurs rapports comme une symbiose unique.Pratiquement toutes les critiques s'accordent à dire que la meilleure période de la carrière de Kurosawa se situe entre 1950 et 1965 - marquée par Rashomon et Barberousse - et que ce n'est pas une coïncidence si cette phase correspond à la période de collaboration entre Mifune et le réalisateur.

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    Pour la première fois Hollywood l'appelle pour le projet Runaway Train, qui aurait été le premier film en couleur de Kurosawa. Le projet échoue. Kurosawa est par la suite impliqué dans l' ambitieux. Tora ! Tora ! Tora !, produit par la 20th Century Fox .Le tournage débute en décembre 1968 mais Kurosawa reste à peine trois semaines en tant que réalisateur. Son équipe et ses méthodes de travail sont peu familières aux exigences d'une production hollywoodienne et laissent perplexes les producteurs américains, qui en concluent que Kurosawa est un malade mental. Au Noël 1968, les producteurs annoncent que Kurosawa quitte la production, officiellement pour "fatigue". Officieusement, il en est congédié. .Tora ! Tora ! Tora ! reste une véritable tragédie dans la carrière du cinéaste. Après des mois de travail il n'en a pas tourné un mètre.

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    Après le demi échec de Dodes'kaden (どですかでん, Dodesukaden)incapable d'obtenir des financements pour les projets à venir et souffrant de problèmes de santé, Kurosawa semble atteindre un point de rupture : le 22 décembre 1971, il se tranche la gorge et les poignets à plusieurs reprises. Cette tentative de suicide échoue, et Kurosawa guérit assez rapidement. Il décide alors de se réfugier dans sa vie privée, ne sachant pas s'il réalisera de nouveau.
    Au début de l'année 1973, le studio soviétique Mosfilm souhaite travailler avec lui, Kurosawa leur propose alors l'adaptation d'une autobiographie de l'explorateur russe Vladimir Arseniev, intitulée Dersou Ouzala,La première mondiale de Dersou Ouzala (デルス・ウザーラ, Derusu Uzara) a lieu le 2 août 1975. Alors que la critique japonaise reste muette, le film est chaleureusement accueilli à l'étranger, remportant le Prix d'Or du Festival international du film de Moscou ainsi que l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Le succès au box-office est également au rendez-vous. Aujourd'hui, la critique reste divisée : certains y voient un exemple du déclin de Kurosawa, tandis que d'autres comptent le film parmi ses travaux les plus aboutis.

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    En 1977, le réalisateur américain George Lucas sort le premier épisode de la saga Star Wars, un film de science-fiction au succès planétaire influencé par La Forteresse cachée de Kurosawa.

    Clin d'œil :

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    Lucas, qui vénère Kurosawa et le considère comme un modèle, est choqué d'apprendre que le Japonais est incapable de trouver les fonds nécessaires pour un nouveau film. En juillet 1978, Lucas et Kurosawa se rencontrent à Los Angeles pour évoquer le projet le moins risqué du réalisateur japonais : Kagemusha, l'Ombre du guerrier (影武者, Kagemusha une épopée racontant l'histoire d'un voleur qui devient le double d'un seigneur japonais. Lucas est passionné par le scénario et les illustrations de Kurosawa, il use alors de son influence pour convaincre la 20th Century Fox et parvient également à engager Francis Ford Coppola - un autre fan de Kurosawa - en tant que coproducteur.Kagemusha devient rapidement un succès au Japon ainsi qu'à à l'étranger, tant au niveau des critiques qu'au box-office. Le film remporte la Palme d'Or au Festival de Cannes 1980 en mai

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    Le succès international de Kagemusha permet à Kurosawa d'entamer son projet suivant, Ran (乱, Ran, une autre épopée, en partie fondée sur la tragédie Le Roi Lear de William Shakespeare, Un financement étranger est une nouvelle fois nécessaire. Cette fois-ci, c'est le producteur français Serge Silberman qui vient en aide à Kurosawa. Le tournage ne commence qu'en décembre 1983, et dure plus d'un an. Kagemusha et Ran, sont souvent cités parmi les films les plus aboutis d'Akira Kurosawa. Quand on lui demande quel est son meilleur film Kurosawa évoque Ran ,oubliant sa réponse habituelle : "le prochain" .

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    En 1993, il écrit le scénario original de La Mer regarde (海は見ていた, Umi wa miteita, suivit en 1995 du script de Après la pluie (雨あがる, Ame agaru. Alors qu'il finalise ce dernier en 1995, Kurosawa chute et se brise la base de la colonne vertébrale. Suite à cet accident, il doit utiliser un fauteuil roulant pour le reste de sa vie, son souhait de toujours - mourir sur le tournage d'un film - ne se réalisera jamais.
    Le 6 septembre 1998, Akira Kurosawa meurt d'une attaque cérébrale à Setagaya (Tokyo) à l'âge de 88 ans1 Il est enterré à Kamakura (comme OZU) au An'yo in

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    En 1990, il avait reçu l'Oscar d'honneur « pour ses accomplissements qui ont inspiré, ravi, enrichi et diverti le public mondial et influencé les cinéastes du monde entier ». En 1999, il est nommé à titre posthume « Asiatique du siècle » dans la catégorie « Arts, Littérature, et Culture » par le magazine AsianWeek et CNN, présenté comme « l'une des cinq personnes ayant le plus contribué à l'épanouissement de l'Asie durant les 100 dernières années ».

    Dans ses œuvres, Akira Kurosawa s'attachait à décrire ou à faire une parabole de la société humaine. Il dépeignit ainsi au long de ses films la pauvreté (Les Bas-Fonds, Dodes'kaden), la violence urbaine (Chien enragé), la maladie et immobilisme des fonctionnaires (Vivre), la destruction de l'environnement (Rêves), la vieillesse (Madadayo), …
    Il était connu sous le nom de Tenno, littéralement « l'Empereur », pour sa manière dictatoriale de réaliser. C'était en effet un perfectionniste qui dépensait énormément d'énergie et de temps pour atteindre l'effet visuel qu'il recherchait.
    Kurosawa s'est inspiré d'histoires de William Shakespeare, des romans russes comme l'Idiot de Dostoïevski et Les Bas-fonds de Maxime Gorki. Lecteur passionné des nouvelles de Georges Simenon, le commissaire Satô du film Chien enragé (Nora inu, 野良犬) partagerait sa perspicacité avec celle du commissaire Maigret.
    Entre le ciel et l'enfer reprend une partie de l'intrigue du roman Rançon sur un thème mineur (King's Ransom) écrit par Ed McBain.
    Malgré certains critiques japonais considérant Kurosawa comme trop occidentalisé, il a été profondément inspiré par la culture japonaise et notamment le kabuki, le théâtre nô et le genre de cinéma jidaigeki.
    Akira Kurosawa a réalisé de nombreux storyboards pour ses films. Ces dessins préparatoires, plus de 2000,, frappent par leur sens de l’expression, des émotions, des lumières, des costumes. Ils sont considérés comme des œuvres d’art à part entière accessibles y compris à ceux qui ne connaissent pas ses films et sont régulièrement exposés. La dernière exposition en France a eu lieu à Paris au Petit Palais en 2009.

    La note de Wikipedia dont je me suis largement inspirée est beaucoup plus complète, sur les techniques, le montage, les influences reçues et celles sur les autres, je ne peux que conseiller d'y aller voir.














     

  • OZU Yasujiro

    Je découvre actuellement ce monument du cinéma japonais, d'aucuns disent mêê du cinéma mondial, j'ai eu envie d'en parler ici. Je me suis servi de Wikipedia (les parties en italiques) parce que je n'ai vu que deux films jusqu'à présent !!

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    OZU Yasujiro est né  à Tōkyō, le 12 décembre 1903, dans le quartier de Furukawa, près de l'enceinte d'un temple, Ozu est le cadet d'une famille de cinq enfants. L'absence de son père (pour des raisons de travail) marquera son enfance.Pensionnaire au collège de Ujisenda, il se passionne pour le cinéma : il préfère aller voir des films – notamment ceux d'Hollywood – plutôt que d'étudier. À dix-neuf ans, ayant échoué aux examens d'entrée à l'université, il doit travailler comme instituteur remplaçant dans un village de montagne situé à une trentaine de kilomètres de Matsusaka

    Sur la recommandation d'un oncle, il entre à la Shōchiku Kinema, en qualité d’assistant-opérateur.
    Il devient assistant-réalisateur dès l'année suivante, et dès 1927, il met en scène son premier film, Le Sabre de pénitence, collaborant pour la première fois avec celui qui sera le scénariste d’un grand nombre de ses œuvres futures : Kogo Noda.

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    Au milieu des années 1930, il devient l’un des réalisateurs les plus célèbres du Japon, qui se reconnaît dans sa façon sobre et minimaliste de filmer, autant dans la comédie que dans le drame. Mobilisé en 1937 il va passer 20 mois en Chine, puis réquisitonné en 1943 pour un film de propagande à Singaour, il refuse de le faire et y reste jusqu'à la fin de la guerre. Fait prisonnier il ne rentre au Japon qu'en 1946.
    Il affine alors ses réalisations, avec des films tels que Le Goût du riz au thé vert (1952), dont le scénario avait été bloqué par la censure en 19391...

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    ... et surtout Voyage à Tokyo (1953), souvent considéré comme son chef-d’œuvre.

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    Cette photo prise lors du tournage de "voyage à Tokyo" le montre au côté de son actrice fétiche HARA Setsuko

    Ses films sont alors de plus en plus épurés. Il renonce à tous les effets de sa période d'avant-guerre, préférant le plan moyen fixe à tout autre, avec cette particularité que la caméra est généralement placée très bas, presque au niveau du sol (ce qu'on appelle parfois le « plan tatami », obtenu grâce à un pied de caméra qu'Ozu fit fabriquer spécialement). avec de magnifiques plans de coupe.

    Ces plans de coupe jouant sur les lignes verticales et horizontales, les perspectives, le plus souvent en intérieur, laissant quelques secondes au spectateur pour s'imprégner d'une atmosphère, donnent au film un ton paisible, un sentiment d'apaisement et d'équilibre. Quelques exemples

    le plan tatami

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    Les perspectives :

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    les lignes :

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    Brèves pauses du regard sur des lieux vides(mais non inhabités) parfaitement construits :

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    Il est à noter son goût pour une certaine couleur bleu-vert qui domine particulièrement dans les intérieurs de bureaux à l'occidentale ...


    Je recopie là intégralement le texte de Wikipedia car j'y trouve exactement ce que j'aurais voulu dire et sur mon ressenti :

     
    La trame des récits est toujours très simple et comporte peu d’actions spectaculaires, voire aucune. Le cinéaste reprend sensiblement, d'un film à l'autre, le même canevas, très ténu, et des personnages identiques (interprétés d'ailleurs par la même troupe d'acteurs). La répétition, la légère nuance, la scrutation d'infimes détails, la saisie de gestes rituels et la dilatation du temps, perçu comme une entité immobile, sont au cœur de son dispositif. Ozu, en effet, semble s’intéresser peu à la dramatisation et cherche, par l’extrême sobriété et densité de la forme cinématographique, à atteindre l’essence même de ce qu’il filme. En cela, il est d’ailleurs fidèle à une longue tradition artistique japonaise.
    Ainsi que le souligne Donald Richie, qui fut l'un des premiers critiques occidentaux à s'intéresser à l'art d'Ozu : « Son art cinématographique est formel, d'un formalisme comparable à celui de la poésie. (...) Ozu est proche des grands maîtres du sumi-e et du haïku. C'est à ces qualités spécifiques que se réfèrent les Japonais quand ils parlent d'Ozu comme "du plus japonais". »


    C'est absolument ce à quoi j'ai pensé en regardant "fleurs d'équinoxe" et "fin d'automne", dont les titres d'ailleurs font immanquablement penser aux haïkus de saison chers aux Japonais. Je dois là souligner qu'on n'a pas intérêt à voir ses films à un rythme trop rapproché, car aux premières images on a l'illusion de voir le même film, et il faut un effort d'attention pour distinguer les différences, puis cela disparaît au fur et à mesure que l'on se laisse emporter par l'histoire ...

    Ozu a beaucoup de mal à accepter les innovations techniques. Il n'a adhéré au parlant qu'en 1936, et il a longtemps résisté à l'utilisation de la couleur, réussissant sur ce point à tenir tête aux pressions de la Shōchiku jusqu’à la fin des années 1950, période à laquelle il finit par céder pour le tournage de Fleurs d'équinoxe.


     
     

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    Il prend finalement un tel plaisir à réaliser ce film qu'il décide de tourner ses cinq derniers films en couleur (dont l'ultime : Le Goût du saké, 1962).

    Rien que le titre donne envie de le voir !!

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    En dehors du cinéma, les seuls centres d'intérêt d'Ozu semblent avoir été la littérature, la boisson, la peinture et la musique. À partir de la mort de son père, en 1936, il habite avec sa mère.
    Il meurt peu après elle, d'un cancer, le 12 décembre 1963, jour exact de son 60e anniversaire.

    J'ai longtemps cru que c'était un suicide à cause de la coïncidence des dates et parce que c'est un Japonais, mais non, c'est seulement le destin !!

    L'œuvre d'Ozu comprend 54 films, et commença enfin à être encensée en Europe après sa mort, alors qu'elle avait été presque totalement ignorée durant toute sa vie.

    Des cinéastes comme Wim Wenders le placent au dessus de tous comme un maître incontesté.

    Ozu ne s'est jamais marié. On peut supposer toutefois qu'il a entretenu une relation très intime avec l'actrice

    OZU, cinéma, japon

    Setsuko Hara :
    et au moment du tournage de "Fin d'automne"

    OZU, cinéma, japon

    celle-ci est en effet la seule actrice avec laquelle il a travaillé qu'il ne mentionne jamais dans ses carnets intimes, et Setsuko Hara, pourtant star très populaire du cinéma japonais depuis les années 1930, interrompit brutalement sa carrière à la mort d'Ozu, et vit (elle a 92 ans ...)depuis retirée à Kita-Kamakura ; or c'est dans le Engaku-ji de cette ville que reposent les cendres du cinéaste.

    OZU, cinéma, japon

    La tombe de Ozu avec le kanji mu


    Sa tombe est gravée du seul caractère 無 (mu, prononcé « mou »), un terme venu du bouddhisme zen, que l'on peut traduire par « le rien constant », « l'impermanence », trop souvent rendu en français par « le néant », « le vide ». Il ne faut pas y voir la connotation négative occidentale d'absence, de disparition, de « nihilisme », mais au contraire le sens extrême-oriental, qui est l'idée de faire un avec l'univers, de se fondre dans ce qui nous entoure.


    Cette dernière phrase place plus que jamais Ozu au cœur de l'essence même du Japon et en fait le parfait symbole.


    L’œuvre d'Ozu reste inconnue en France jusqu'en 1978. En 1978, trois films sortent sur les écrans français : Voyage à Tokyo, Le Goût du saké et Fin d'automne. Gosses de Tokyo sort en 1980.
    J'ai donc vu deux de ses films en couleurs (fleurs d'équinoxe et Fin d'automne)et tout ce qui est dit précédemment s'y retrouve ... Il faut aimer les voyages immobiles dans les évènement microscopiques de vies banales qui sont en réalité les archétypes mêmes de l'humanité, aimer les films sans action mais où les tensions sous-jacentes, le poids des traditions et le goût de la vie transparaissent sans cesse en filigrane, en touches délicates constituant peu à peu tout un univers.
    Il y est question de mariage, arrangé ou pas, de deuils, d'amitié, d'amour et de déceptions amoureuses .... la vie elle-même, quoi ... Very Happy


    Une amie m'a fait remarquer que j'en donnais une image dissussive : pas d'action, plans fixes etc,. le fait est que c'est l'aspect essentiel, mais il y a aussi une peinture vivante, souvent drôle des caractères des personnages, et surtout une atmosphère qui vous prend insidieusement dans ses rêts ténus qui vous fait entrer dans un univers ...