Il y a 20 ans premier grand voyage, la Nouvelle Calédonie : l'île des Pins, souvenirs du bagne...
Son nom dans la langue autochtone est Kwényï francisé en Kunié. Elle se trouve dans la mer de Corail à 1° au dessus du tropique du Capricorne, à 105 km au sud est de Nouméa
Mon fils m’a offert une excursion de 2 jours (et une nuit, ça a son importance, vous verrez !) sur l’île des Pins ! Son nom dans la langue autochtone est Kwényï francisé en Kunié. Elle se trouve dans la mer de Corail à 1° au dessus du tropique du Capricorne, à 105 km au sud est de Nouméa
On peut y aller en ferry ou en avion. Ce jour-là le ferry était hors service (et d’ailleurs depuis assez longtemps, si j’ai bien compris ! ) donc j’ai pris l’avion, un bi-moteur à hélice !
J’ai scanné la carte que j’en ai rapporté, et j'ai numéroté mes étapes quand j'ai fait le tour de l'île ! Vous pouvez suivre ! En cliquant sur l'image on la voit en grand !
L’aérodrome se situe au nord de l’île.
Quelqu’un du gîte où je devais dormir était là et ma conduite au gîte Manamaky, sur la baie St Joseph à l’autre bout de l’île (qui ne fait que 14 km sur 18 !! ) .
Après avoir déposé mon sac dans mon bungalow/case, le guide m’a fait faire le tour de l’île avec des stations pour se remplir les yeux des merveilleux paysages !
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D’abord le charmant village de Vao dont les maisons sont littéralement enfouies dans la verdure, les fleurs ! A l’entrée, la jolie mairie :
La mairie
Le presbytère
A l’entrée du jardin du presbytère (qui accueille un prêtre itinérant par mois) se trouvent 2 poteaux sculptés surmontés d’une flèche faîtière de case qui sont des symboles mythologiques protecteurs kanak.
L'église
Surmontée d’un toit en tôle ondulée rouge, l’église colorée de la mission date de 1860 et fut plusieurs fois remaniée. A l’intérieur, vous découvrirez de magnifiques parquet et plafond en bois. Elle possède de jolis vitraux multicolores. Des ouvriers déportés ont réalisé à l’époque les fonds baptismaux ainsi que la chaire.
Le tabernacle est en bois de fer sculpté et le lutrin représente le cagou, oiseau symbole de l’île
2 -
Ensuite nous avons suivi la côte en nous arrêtant presque à chaque pas tant c’était magnifique !
Tout près de Vao, la baie Saint Maurice où se dresse le monument commémorant l’arrivée des premiers missionnaires
Reconnaissable à ses totems sculptés, la Baie de Saint-Maurice se trouve à Vao, le principal village de l'Île des Pins. Autrefois, l'emplacement accueillait la case du Grand Chef, puis il a été donné aux missionnaires en geste symbolique comme acceptation des catholiques. Le monument commémore l’arrivée sur l’île des Pères Goujon et Chatelut et donc du premier service catholique donné le 12 août 1848. Il symbolise aussi l'harmonie qui règne sur l'île entre croyances traditionnelles et foi chrétienne.
Les deux totems se placent de chaque côté de l’entrée de la case pour protéger des mauvais esprits, et ceux-ci se trouvaient de chaque côté de la porte de la première église.
3 -
On repart en voiture et arrêt suivant : la baie de Kanuméra
Pour y arriver nous traversons un bois de très vieux arbres : les bugnis (manikara dissecta,) la « forêt » de bugnis de l’île des Pins ! Bon c’est une toute petite forêt mais ils ont été plantés par les bagnards fin XIXème !
Cet arbre commence à fleurir : c’est le printemps austral, nous sommes en septembre !
Kanumera
cet arbre est appelé Bois de Fer, je suppose qu’il doit être très dur, mais pour les Kanaks, il a surtout la capacité, quand s’assoit dessous, de nous faire entendre la voix des morts… Je l’ai fait, pas ici, mais plus tard dans un lieu très isolé dans le plus grand silence. Il faut savoir que le moindre souffle d’air dans les « cheveux » de cet arbre qu’on voit à peine bouger, suscite un très doux sifflement dont on se demande d’où il vient ! J’avoue avoir été impressionnée ! Mais aussi, je ne demandais que ça !
4 -
Quelques minutes de voiture plus tard, nouvelle baie, la baie de Kuto :
Kuto.
Et là je vous jure que le sable est fin et blanc comme de la farine !!
Quelques voiliers viennent s’abriter dans la baie de Kuto, car il paraît que nous sommes au pic de la saison touristique ! Bon, c’était il y a 20 ans, il y en a peut-être plus maintenant… Ou peut-être pas !
Une vache qui passait par là…
baie de la Corbeille De tels îlots sont nombreux dans les baies...
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Encore un petit saut en voiture et nous voilà au petit village d’Ouro, et je vois mes premiers vestiges du bagne… L’île des Pins fut le premier séjour des déportés (droits communs, révoltés Kabyles ou Communards) jusqu’à ce que la Grande Terre soit un tant soit peu aménagée. Ici nous avons les restes des petites cellules où chaque condamné était enfermé. Dans le village ils sont très bien présentés, avec des notes explicatives et très fleuris.
Plus loin, ils sont vraiment enfouis dans la verdure. Il y a 20 ans le guide m’avait expliqué qu’ils étaient « entretenus », c’est à dire que la végétation était régulièrement dégagée une fois par an mais ça repousse à toute vitesse ! Je ne sais où ça en est !
Proche de Ouro le lieu qui m’a le plus touchée : le cimetière des Communards, avec le monument commémoratif où sont les noms, car les tombes sont anonymes… C'est la ville de Patis et Nouméa qui ont la charge de l'entretien.
Je reparlerai du bagne lors de la visite de Nouméa…
En 1872, lors de la déportation des insurgés de la Commune de Paris, la France crée une colonie pénitentiaire sur la partie sud-ouest de l'île, puisque les Kunié refusent d'être expulsés de l'île. Les déportés sont répartis dans cinq communes dont la plus connue est celle d'Ouro. S'y trouvent les ruines du bagne, aujourd'hui envahies par la végétation tropicale. Seul le château d'eau construit en 1874/75, toujours en service, reste en bon état (rénovation en 2005 pour les journées du patrimoine), l'eau provient aujourd'hui directement d'un captage et non plus du canal à ciel ouvert creusé par les déportés. Celui-ci, long de cinq kilomètres, chemine à flanc de colline du captage de la Ouinteureu jusqu'à Ouro. Le cimetière des déportés, un peu entretenu, abrite 230 tombes anonymes (sauf deux) des morts (vieillesse, scorbut, noyade...).
8 -
Après cela, nous avons traversé la colline pour aller vers la grotte de la reine Hortense.
Arrêtés au bord de la route, vue sur la forêt dense que quelques pins colonnaires émergent. :
Il y a plusieurs grottes sur le plateau, celle-ci est la plus connue car elle a abrité la fille d’un grand chef la reine Hortense.
Le guide arrête la voiture au bord de la route, me montre le départ d’un sentier et me dit «C’est au bout ! je vous attends ici. » et me voilà partie toute seule, sans même une lampe qui me manquera dans la grotte, à travers une superbe végétation de fougères arborescentes, manguiers, kaoris, cocotiers et autres fleurs exotiques.
.Fiancée à 7 ans au futur grand chef Samuel, la fille de Vandégou II plus connue sous le nom de Reine Hortense a été éduquée chez les Soeurs Maristes. Elle devient plus tard chef à la place du chef. Cette grotte porte son nom car c’est ici qu’elle trouva refuge pendant les guerres de succession entre 1855 et 1856. C’est également elle qui a tenu tête aux autorités françaises lorsque ces dernières ont voulu exiler les insulaires et ainsi récupérer leurs terres pour accueillir les déportés. Sans aucune descendance, la Reine termina ses jours chez les Soeurs. Elle repose désormais à Vao.
Je ne suis pas allée jusqu’au fond, il paraît qu’il y a un puits de lumière et je n’avais pas de lampe et il y a 20 ans pas de portable !! Trop noir, trop glissant, un ruisseau court dans la grotte le sol est mouillé Le petit autel commémore la mort de quelqu’un à cet endroit. Y est-il toujours ??
Nous repartons et nous longeons un bosquet de niaoulis, arbre endémique de la Nouvelle Calédonie
Famille de l’eucalyptus, donne le goménol, huile goménolée dont les jeunes ne savent rien mais les vieux se souviendront du Vick Vaporub !!
Voilà les premières fougères arborescentes que je vois !
(j’avais hâtes d’en voir car c’est une plante fossile, et cette idée d’une plante existant depuis l’ère des dinosaures me fascine ! )
Fin du circuit : retour au gîte.
le bureau du gîte.
Je suis la seule cliente, et au bureau la dame me demande ce que je veux pour le repas du soir ! Je n’en sais rien, je lui dis que je lui fais confiance !
Le gîte est juste au bord de la baie StJoseph, en face c’est l’île Koutomo (voir la carte ) Voilà ce que je vois à quelques mètres de ma porte :
Pièce principale, chambre... J'ai vu plus tard que la moustiquaire était toute trouée !...
La salle de bain ! Le lavabo est une vraie coquille de bénitier et l'aération est très efficace !
En attendant l’heure du dîner, je vais faire un tour…le long de l’eau !
Un "chantier naval"...
Un papayer
Une orchidée sauvage...
Le repas était excellent, mais je ne me souviens plus du menu, par contre, je me souviens que quand l’heure de fermeture du bureau du gîte a sonné les gens sont rentrés chez eux… et je suis restée seule… sans personne autour…
La seule lumière étant celle de ma chambre…
Jamais je n’ai vu une nuit plus noire, avec autant d’étoiles ! Et quel silence ! Mais j’avoue que j’ai eu un sentiment d’inquiétude et de grande solitude…
J’ai quand même dormi, le lendemain j’avais une bonne journée qui m’attendait !
A suivre : la traversée en pirogue de la baie d'Upi, marcher dans la forêt primaire jusqu'à la piscine naturelle...