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MISHIMA Yukio, "Confesion d'un masque"

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Ses convictions politiques, son admiration pour le corps n'étaient-elles que le fruit de son refus de vivre son homosexualité, ou celui de son attrait inné pour la souffrance et le mort ?

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Confession d'un masque(1949)

Ce livre ne m'a pas été facile à lire. Je n'ai rien lu de Mishima, et je voulais le découvrir, car il est catalogué comme un grand écrivain contemporain japonais.
Ce livre n’est pas un roman, en fait ce n’est ni plus ni moins qu’une autobiographie de l’auteur, de son enfance à son âge adulte, soit 22 ou 23 ans.

Il en ressort quelque chose qui m’a étonnée, car j’ai lu ici et là (je m’intéresse au Japon, Ah oui ! Vous le savez déjà ! ) donc j’avais lu ici et là que Mishima était une figure notoire du Nationalisme japonais dans son aspect le plus radical, allant jusqu’à créer une milice privée en opposition à la constitution pacifiste du Japon imposée par les Américains en 1945.  
Or Mishima avait 20 ans en 1945, il aurait donc dû être mobilisé, mais sa faible constitution (et son mensonge concernant une éventuelle tuberculose) l’en ont dispensé, et dans « confession d’un masque » la guerre n’est qu’un fond sonore, et le Nationalisme semble vraiment très loin de ses préoccupations. Il a donc dû parcourir du chemin pour en arriver à ce qui a fait le tour du monde entier : son suicide théâtral et assez épouvantable.

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Se faire seppuku en 1970, en public et en harraguant la foule au nom du nationalisme et du militarisme, ça marque l’esprit (et je vaous passe les détails ...)et ne me donnait pas vraiment envie de connaître cet écrivain.

Pourtant j'ai lu ce livre, mais je n'ai pas pu un seul instant m'enlever cette fin affreuse de l'esprit, et, si sans conteste ma vision du roman en a été biaisée, le fait est que l'auteur lui-même dès les débuts, alors qu'il est censé raconter les souvenirs de son enfance, ne rêve que mort, et suicide, puis au fil des années, aura besoin de visions de sang et de martyrs pour éprouver désir sexuel et jouissance. (il adore Saint Sébastien, il s’est fait photographier dans une pose copiant le tableau de Guidi RENI)

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Sa fascination morbide pour la mort paraît jusque dans sa description de la mer  sous l'orage :

Citation :
Comme elle (la houle) approchait de la grève, quelque chose s'éveilla et s'éleva sous son capuchon vert. La vague grandit aussi haut que l'œil pouvait atteindre, révéla la lame, affilée comme un rasoir, de l'énorme hache de l'océan, levée, et prête à frapper. Soudain la guillotine bleue sombre s'abattit, projetant une éclaboussure de sang blanc.

Si le talent littéraire est évident, la fêlure du psychisme l'est tout autant !

En outre, s'il sait bien qu'il n'éprouve aucun désir pour les femmes, il se persuade que cette anomalie(c’est son propre terme) n'est que physique, que l'amour ne peut être que pour une femme, allant jusqu'à se figurer qu'il aime Sonoko, et cette dichotomie entre le corps et le cœur, ou l’âme, crée une sensation de déséquilibre permanent.  Le livre est donc en fait le chemin de douleur et de profond mépris de soi qui va conduire Mishima a se  comprendre. Il ne s’est cependant pas vraiment accepté, il s’est quand même marié et a eu même deux enfants (mon Dieu ! Les pauvres quel poids à porter ! ) mais il ne faut pas oublier que l’homosexualité est très mal acceptée au japon, certains auteurs niant celle de Mishima qui, pourtant, est criante quand on lit « confession d’un masque ». La biographie de Henry Scott-Stokes, ouvrage de référence, accorde en revanche à cet aspect une attention soutenue.
 Je ne peux pas dire que ce livre ne m'a pas intéressée, au contraire, mais je crois que mon expérience de Mishima va s'arrêter là.
Un extrait de nippon.com (décembre 2017)en conclusion assez ironique je trouve.

Les revendications qui constituaient les raisons ostensibles du suicide spectaculaire de Mishima – reconnaissance juridique de l’armée japonaise et réforme de la « Constitution pacifique » imposée par les États-Unis – sont aujourd’hui inscrites au programme politique d’Abe Shinzô et de son Parti libéral-démocrate, qui vient de remporter une victoire électorale écrasante. Par une sinistre ironie du sort, la boucle s’est en vérité bouclée il y a trois ans avec le suicide par le feu d’un contestataire, hostile précisément à la réforme constitutionnelle que réclamait Mishima.

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