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Naomi Kawase, le cinéma dans la tradition ancestrale japonaise.

« Je ne fais pas des films de façon professionnelle. Le cinéma, pour moi, c’est une autre façon de vivre. Ni plus ni moins. » Naomi Kawase, Le Monde, 31 octobre 2007.

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Naomi Kawase est une réalisatrice et écrivaine japonaise née le 30 mai 1969 à Nara. Elle s'est distinguée aussi bien pour ses fictions que pour ses documentaires autobiographiques et fut primée au Festival de Cannes. 

La biographie est de Wikipedia, les commentaires en italiques et ceux des films sont les miens ou ceux trouvés sur Télérama :

Naomi fut abandonnée par ses parents (problème récurrent au Japon, j’ai l’impression !)et élevée par son grand-oncle et sa grand tante. Diplômée (photographie),de l’Ecole d’Arts visuels d’Osaka, elle y enseigne quatre ans.
Elle commencera (comme Kore-eda) par les documentaires : prix d'encouragement au Festival de l'Image de Tōkyō pour Dans ses bras et la même année le prix de la presse FIPRESCI durant le Festival International du film Documentaire de Yamagata.

Naomi Kawase

Elle passe aux longs-métrages en 1997 avec Suzaku (Phénix en japonais) et obtient la Caméra d’Or au festival de Cannes(première japonaise et plus jeune lauréate à obtenir ce prix) .

A partir de là on la verra régulièrement sur la Croisette, autant en compétition que dans le jury l’année où Spielberg en est le Président.

Naomi Kawase

Shara sera en compétition à Cannes en 2003 sans y recevoir de récompense.(voir le commentaire plus bas)

Elle remporte le Grand prix lors du Festival de Cannes 2007 pour son film La Forêt de Mogari.

Naomi Kawase

En 2011, elle présente en compétition au 64e Festival de Cannes Hanezu, l'esprit des montagnes.

(j'ai lu ici et là que ce film était profondément ennuyeux, mais je ne l'ai pas vu ! Télérama : Avec ce nouveau film, elle semble vraiment faire du cinéma pour elle seule, dans le secret d'une sensibilité qu'elle se soucie peu de partager avec les spectateurs. )

Naomi Kawase

En 2013, elle est membre du jury du 66e Festival de Cannes, présidé par Steven Spielberg.
En 2014 elle présente un nouveau film en compétition au 67e Festival de Cannes : Still the Water. (voir commentaire plus bas.)

En décembre 2015 elle est membre du jury du 15e Festival international du film de Marrakech, présidé par Francis Ford Coppola.
En mai 2016 elle est présidente du jury de la section Cinéfondation et courts métrages lors du 69e Festival de Cannes.
En juin 2018 elle est membre du jury du 21e Festival international du film de Shanghai, présidé par Jiang Wen.
De novembre 2018 à janvier 2019, elle fait l'objet d'une rétrospective au Centre Pompidou.

Naomi Kawase

Elle a été choisie pour être la réalisatrice officielle du film des Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

Ses réalisations, aux budgets relativement modestes, sont produites et distribuées par des indépendants ou par des chaînes de télévision. La chaîne ARTE France a coproduit trois de ses documentaires (Dans ses bras, La Danse des souvenirs et Naissance et Maternité), et parfois la NHK ou TV Tokyo y participent.
Ses films recherchent de nouveaux modes narratifs tout en restant fidèles à une tradition artistique japonaise ancestrale8. Ils abandonnent les notions d'intrigue ou de progression dramatique et mêlent éléments de fiction, images documentaires, vidéos et photographies de la société japonaise8. Ses longs-métrages se déroulent souvent dans un cadre rural8. Son cinéma tente de saisir l'essence sacrée de l'univers familier, des gestes quotidiens et des rituels sociaux et brosse une représentation mythologique, intimiste et poétique du monde contemporain.

La Cinémathèque française lui a consacré une rétrospective en 2012.

Naomi Kawase

je n’ai vu que quatre films d’elle, trois qui m’ont réellement fascinée : Still the water, Shara et Les délices de Tokyo, et « vers la lumière », un peu moins.

Shara

Naomi Kawase

 

Mon avis :

"Shara" se passe dans un quartier populaire et paisible de la ville de Nara, quartier de ruelles labyrinthiques et de maisons basses traditionnelles, ce qui amène à une plongée dans un Japon véridique et sincère, et ça, j'ai adoré !
L'histoire est bâtie autour de la disparition d'une enfant, disparition dont on ne saura jamais ni les tenants ni les aboutissants, attribuée à une divinité selon une tradition japonaise.
Et ça ça m'a énormément gênée, à la limite choquée ! Quoi ? Un enfant disparaît et la vie continue ? Et le père reste calme et solide, la mère s'occupe de son potager ? Où sont les larmes ? Les sanglots ? Les recherches fiévreuses, les enquêtes ?
Et puis peu à peu je suis entrée dans l'atmosphère unique de ce film aux images lumineuses, entrée peu à peu dans la famille, senti que si le père reste solide c'est pour pouvoir être présent pour son épouse et son autre fils, témoins de la disparition, si la mère s'occupe du potager c'est sans doute que là elle se ressource, se retrouve et n'est-ce pas la figuration concrète d'un jardin secret ? Le fait qu'elle attende un enfant et la réussite de ce jardin qui nourrit la famille et quelques voisins, symbolise la force sourde d'une vitalité profonde. Le jeune garçon essaie de vivre avec ce souvenir, ses questions.
Si on se laisse simplement porter et si on oublie les archétypes qui nous formatent, on comprend peu à peu que la vie est la plus forte, toujours, d'ailleurs plus que le comprendre, on le ressent, on éprouve littéralement la pulsation de la vie, à travers trois scènes qui brisent à dessein le calme serein du film : la révolte du jeune garçon quand il entend "on l'a retrouvé...", une scène de danse populaire sous la pluie lors d'un de ces festivals dont le Japon est si friand, et surtout l'accouchement de la mère, scène absolument sublime de tendresse, de force, de chaleur humaine !
Ce film est de ceux que j'appelle "caillou dans la mare", parce que les ronds dans l'eau de notre conscience ne font que s'élargir et s'approfondir après les avoir vus. "Shara", quand je l'ai terminé, je ne savais pas encore vraiment ce que j'en pensais, sauf que le début m'avait fortement irritée, et qu'à la fin j'étais totalement partie prenante de cette famille, de ce quartier, et qu'intuitivement je comprenais ce qui m'avait déplu au début : la réaction devant l'indicible, la perte d'un enfant.
J'ai compris aussi à quel point j'étais conditionnée par les clichés véhiculés habituellement, au point de ne même pas essayer de comprendre un comportement différent de ce que l'on attend, cela m'a fait beaucoup réfléchir !

Si ça vous dit, un lien d'un article où l'auteur en parle beaucoup mieux que moi, :
http://www.cineclubdecaen.com/realisat/kawase/shara.htm

Still the water :

Naomi Kawase

La critique par Samuel Douhaire(Télérama)

Citation :
Deux adolescents inséparables, sur une île, au sud du Japon. Il cherche à partir, elle est confrontée à un deuil... Un film entre deux eaux, marqué par de belles envolées poétiques.

Après un documentaire mineur sur une maternité dans les bois (Genpin) et un autre, plus intense (Trace, inédit en salles), sur les derniers jours de sa mère adoptive, Naomi Kawase revient à la fiction avec cette chronique tournée dans les paysages splendides de l'île d'Amami, au sud du Japon. C'est dans ce décor subtropical que vivent Kaito et Kyoko, deux adolescents inséparables. Lui cherche à renouer avec son père tatoueur, parti s'installer à Tokyo après son divorce. Elle se prépare à la disparition de sa mère, Isa, une chamane atteinte d'une maladie incurable.

Place de la mort dans nos vies, transmission entre les générations : Still the water brasse avec douceur les thèmes fétiches d'une cinéaste plus que jamais en communion avec la nature. On sent en permanence la fascination de Naomi Kawase pour les banyans multicentenaires aux troncs noueux, pour l'eau aux variations infinies de bleu qui enveloppe l'île comme un cocon apaisant ou destructeur. Par les vues répétées de la côte à travers la végétation luxuriante, par le bruit omni­présent des vagues jusque dans les séquences d'intérieur, la mise en scène brouille les limites entre la mer et la terre. Comme elle abolit la frontière entre la vie et la mort. La lente agonie d'Isa est filmée non comme une fin, mais comme un nouveau départ : ce n'est pas une tragédie mais un au-revoir tendre et chaleureux où les chants et les danses des proches au son du shamisen accompagnent les derniers instants terrestres de la chamane. Si seulement la réalisatrice avait conclu son film sur cette scène magnifique ! Mais elle a cru bon, hélas, de souligner son propos panthéiste dans une dernière demi-heure interminable où l'abus de dialogues démonstratifs plombe peu à peu sa grâce onirique... — Samuel Douhaire


J’ai gardé surtout le souvenir de la beauté et de la sérénité qui se dégage du film et de son abord si personnel des  rapports des humains entre eux et avec la mort.

Les délices de Tokyo :

Naomi Kawase

Mon avis :

J'ai adoré ce film, et  je pense qu'il est plus accessible qu'on pourrait croire, d'ailleurs pour ceux que j'ai vus d'elle c'est celui qui le serait le plus.
Je suis moi aussi sortie la gorge serrée, et j'ai eu les larmes aux yeux deux ou trois fois, tant ce film est touchant !  Mais sans la moindre once de mélo, ou de pathos, dans une narration d'une simplicité d'épure. On a l'impression qu'il ne se passe rien parce que les choses se passent hors de l'écran,(la situation difficile de la jeune collégienne, sa mère indifférente et insensible tracée en une poignée de secondes et trois regards, les commérages, la rumeur, la démission de Tokue, )
mais nous comprenons tout au fur et à mesure, exactement comme si nous vivions avec et dans le film.Le récit est mené de main de maître. Partant comme un film à la Capra, où la chaleur humaine et l'amitié font des miracles, (on s'attendrait à une "success story " et à l'ouverture de 3 succursales de la boutique dans Tokyo dans un film américain  ) l'histoire se dirige ensuite dans une autre direction, avec d'autres péripéties, mais à l'arrivée, c'est encore la chaleur humaine et l'amitié qui ont fait des miracles, mais à la façon japonaise... Le hanami que font les Tokyoïtes sous les sakuras en fleur dans la dernière image prend là tout son sens de symbole d'espérance et et de renouveau. Un très très beau film, à voir absolument !!

Vers la lumière :

Naomi Kawase

Là, je ne sais pas si c'est elle qui a raté son film ou moi qui n'ai pas su l'apprécier, mais je n'y suis pas du tout entrée ! J'ai même dû lutter contre le sommeil, déjà que la langue japonaise me berce !

De plus elle a tourné son film presque toujours en gros plans avec une caméra très mobile et c'est fatigant au bout d'un moment ! C'est peut-être pour faire mieux ressentir ce qu'éprouve le héros de l'histoire,un photographe qui est en train de perdre la vue. L'autre personnage est une jeune fille qui veut faire de l'audiodescription.
Avec Masatoshi Nagase (celui des Délices de Tokyo" et de "la servante et le samouraî" superbe film de Yoji Yamada) et Ayame Misaki que je ne connaissais pas. Il y avait des têtes connues dans les seconds rôles. Mais je n'ai jamais ressenti l'émotion de ses autres films, la richesse intérieure, la profondeur des personnages...
Bon, les réalisateurs ne sont pas obligés de faire un chef d'œuvre à chaque fois !!

Cet avis mitigé ne m'empêchera pas de courir voir son dernier film avec Juliette Binoche et (à nouveau)Masatoshi Nagase :


Voyage à Yoshino :

Naomi Kawase

Jeanne (Juliette Binoche)part pour le Japon, à la recherche d'une plante médicinale rare. Lors de ce voyage, elle fait la connaissance de Tomo, un garde forestier, qui l’accompagne dans sa quête et la guide sur les traces de son passé. Il y a 20 ans, dans la forêt de Yoshino, Jeanne a vécu son premier amour. 

Il est sorti le 28 novembre, mais mon petit cinéma de province est consacré jusqu'après les fêtes aux programmes "grand public" donc, il faut attendre, mais sinon ce sera le DVD et je reviendrai compléter la note !    _________________

 

Commentaires

  • Pas vu le dernier non plus, on le découvrira ensemble.

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