Dans la prison, manga de Kazuichi Hanawa
Alors le livre raconte des faits de 1994, peut-être que les conditions d’incarcération au Japon ont changé, je le souhaite pour Carlos Gohn !
Dans la prison (Keimusho no naka)
Kazuichi hanawa
Babelio
Cet ouvrage constitue un remarquable témoignage sur les trois années que l’auteur à passées dans une prison de l’île nord d’Hokkaidô, où il avait été incarcéré le 8 décembre 1994 pour détention illégale d’arme à feu. Dans cet un habile pamphlet contre le système carcéral nippon, Kazuichi Hanawa rend compte de la vie dans cette « communauté » d’une manière extrêmement scrupuleuse où une foule de détails prennent une importance qu’ils n’auraient pas à l’extérieur et élabore une réflexion originale sur sa condition de détenu.
J’ai été impressionnée par la minutie qui a été nécessaire à ceux qui ont écrit le règlement de cette prison ! Rien n’y est laissé au hasard, rien n’y est laissé à l’initiative du prisonnier qui doit demander la permission pour tout, même pour chaque déplacement dan l’atelier !
"- s’il vous plaît ! s’il vous plaît !
- Je souhaite aiguiser mes ciseaux ronds à bois !(sans trottiner les ciseaux enveloppés dans une serviette je vais là où sont les pierres à aiguiser : elle n’y sont pas quelqu’un s’en sert)
" - S’il vous plaît ! S’il vous plaît !
- je retourne à ma place !
L’utilisation de pierres à aiguiser les outils est rigoureusement contrôlée afin que l’usure soit régulière !
Et c’est comme ça pour le moindre mouvement, comme ramasser une gomme !
L’auteur nous détaille les menus, les vêtements, le plan d’une cellule, l’utilisation des toilettes !
Il n'y a pas de recherche esthétique dans le graphisme, uniquement un souci du détail documentaire, mais les textes sont subtilement critiques et ironiques.
Il se dégage de ce livre une impression assez étouffante. D’ailleurs la conclusion de l’auteur (qui ne nous parle pas de sa libération ni de son retour à la vie publique) est que les prisonniers deviennent totalement indifférents aux évènements extérieurs, importants ou triviaux, devenant de plus en plus étrangers à la vie hors de la prison. Ce souci de contrôle permanent et de prison mentale dans la prison finit par détruire toute personnalité et individualisme. Ce n’est cette pas de la torture au sens où on l’entend en général, mais c’en est quand même une au plan psychologique, même si à la base cela semble être avant-toit un souci d’efficacité et de maîtrise totale.
Kazuichi Hanawa a jugé bon de publier ensuite « avant la prison » où il explique les raisons de de sa condamnation, mais je regrette bien qu’il n’ait pas fait « Après la prison » car la rééducation après une telle dépersonnalisation m’aurait bien intéressée.
Alors le livre raconte des faits de 1994, peut-être que les conditions d’incarcération au Japon ont changé, je le souhaite pour Carlos Gohn !