2013, Shikoku, premier jour.
Le cœur de mon voyage de 2013 était le séjour dans l’île de Shikoku, la plus petite des quatre îles principales de l’archipel nippon. Cette île est réputée pour son pèlerinage, dont on dit qu’il est le pendant bouddhiste de saint Jacques de Compostelle.
Il y a 1200 ans (à un an ou deux près !^^) vivait au Japon un personnage encore aujourd’hui très populaire :
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Kūkai (31 juillet 774 - 22 avril 835), plus connu sous le nom de Kōbō-Daishi , est le saint fondateur de l'école bouddhiste Shingon; il est aussi une figure marquante de l'histoire du Japon : son esprit universel a fortement influencé la culture et la civilisation japonaises. Il était non seulement un grand religieux, mais aussi un éminent homme de lettres, un philosophe, poète et calligraphe. Toute sa vie il manifesta une grande bienveillance pour tous les êtres, et c'est pour cette raison qu'il est encore, de nos jours, si populaire au Japon.
En 832, l'empereur Junna offrit à Kūkai la direction d'un des deux grands temples de la capitale, situé à l'Est de Kyoto, le Tō-ji. Il consacra ce temple à la protection spirituelle du pays, et en fit le temple siège du Shingon. Là, pour la première fois, une cinquantaine de moines étudiaient exclusivement la doctrine ésotérique. En peu de temps, d'autres bâtiments s'édifièrent et la construction d'une grande pagode à cinq étages (Gojû-no-tō) s'amorça. Sous sa direction, des artistes sculptèrent des statues pour exprimer les vérités essentielles de l'ésotérisme. Parmi les vingt et un chefs-d'œuvre qu'on peut admirer aujourd'hui, tous trésors nationaux, quatorze datent de cette période. Le Tōji reste aujourd'hui un des plus grands temples du Shingon où, au début de chaque année, les principaux grands maîtres du Shingon se retrouvent, et durant une semaine pratiquent des rituels pour la protection de l'empereur, du pays et de tous les êtres.
Le pèlerinage de Shikoku est un pèlerinage effectué sur l'île de Shikoku et comprend 88 temples. C'est un pèlerinage circulaire consacré à Kōbō-Daishi, le fondateur du bouddhisme Shingon, mais on y retrouve des pèlerins de toutes les traditions.
Nous sommes partis de Tokyo, aéroport de Narita, en testant ainsi les lignes intérieures japonaises.
C’est bien de là que partent les pèlerins, les henro, dont voici la tenue rituelle :
On arrive à Matsuyama, dans la préfecture de Ehime, la partie « illumination » du pèlerinage. Nous n’en ferons bien sûr qu’un tout petit bout, du temple 44 au 53 sur les 88 au total.
Après être passés à l’hôtel, nous partons aussitôt pour les deux premiers temples, en fait les derniers du programme, car les plus proches de Matsuyama.
Petit parcours en train :La petite gare de Takahama :
Nous mangeons dans un tout petit restaurant au bord de la mer intérieure :
Le chemin des pèlerin est bien balisé, avec régulièrement des plans, et des panneaux de direction.
ça n’a l’air de rien, mais ça monte déjà bien !
L’organisation a essayé d’éviter au maximum le bitume pour privilégier les petits chemins, parfois à peine tracés dans une vraie brousse !
Le premier temple (en fait le N°52) commence à apparaître dans les arbres, nous y arrivons par les arrières, l’entrée principale donnant sur une route.
C’est le temple Taizanji, fondé par un riche marchand au VIè siècle, après que Juichimen Kannon (bodhisatva de la compassion, à qui le temple est dédié) l’ait sauvé du naufrage. C’est un temple dont le calme et la simplicité m’ont beaucoup plu, ainsi que sa situation
au cœur des arbresLa tour de la cloche :
Et voilà Kukaï, le moine à l’origine du pèlerinage. sa statue est dans chaque temple.
Porte du temple en haut d’un escalier assez abrupt :
La fontaine de purification :
Maintenant sur une petite route nous allons vers le temple suivant à 3 km de là. Nous allons voir ici beaucoup de maisons traditionnelles, c’est la campagne !
Matsuyama est réputée pour la façon dont les habitants taillent et forment les arbres.
Nous sommes bien sur la route du pèlerinage :
Les maisons se dressent entre des rizières plutôt petites, parfois le riz est encore sur pied, parfois il est déjà moissonné. On a l’impression de rizières familiales, fournissant le riz annuel d’une famille !
Nous voilà au temple Enmyoji :(N°53)
Sur cette pierre on distingue la silhouette d’une femme portant un enfant. Ce serait la trace des chrétiens qui ont été cruellement éradiqués par Ieyasu Tokugawa, premier Shogun du Japon unifié. Les Chrétiens réduits à se cacher mettaient dans des recoins peu visibles des temples des images de la vierge pour continuer à la prier sans en avoir trop l’air !
Nous reprenons le train dans la lumière du soir (qui arrive tôt au Japon où on vit à l’heure solaire) à la petite gare qui ressemble à un jouet :
Une fois revenus à Matsuyama, nous sommes allés acheter l'équipement du vrai henro (pèlerin) ! Je me suis fait plaisir, parce que bien sûr je ne suis pas vraiment henro, sauf quand même que j'ai bien souffert dans la montagne, si ça peut mener à l'illumination, je suis preneuse !!
Bref, j'ai donc acquis la veste kimono blanche, le sac dans lequel on met le livre des calligraphies le bandana pour protéger le front de l'armature en bambou du chapeau et le chapeau lui-même, sans oublier la protection en plastique bien pratique quand il pleut !!
Les inscriptions ont trait au bouddhisme shingon, je ne les connais pas, et on voit sur le chapeau le symbole du pèlerinage. Je me sers du sac dans mes voyages, ce qui a souvent provoqué l'étonnement de Japonais croisés dans des temples ou même dans la Sky Tree Tower, qui en le voyant me disaient : Henro ? Et bien sûr je disais oui, à peu près la seule chose que je sais dire d'ailleurs !
Le pèlerinage continue le lendemain, dans la montagne !