OZU Yasujiro
Je découvre actuellement ce monument du cinéma japonais, d'aucuns disent mêê du cinéma mondial, j'ai eu envie d'en parler ici. Je me suis servi de Wikipedia (les parties en italiques) parce que je n'ai vu que deux films jusqu'à présent !!
OZU Yasujiro est né à Tōkyō, le 12 décembre 1903, dans le quartier de Furukawa, près de l'enceinte d'un temple, Ozu est le cadet d'une famille de cinq enfants. L'absence de son père (pour des raisons de travail) marquera son enfance.Pensionnaire au collège de Ujisenda, il se passionne pour le cinéma : il préfère aller voir des films – notamment ceux d'Hollywood – plutôt que d'étudier. À dix-neuf ans, ayant échoué aux examens d'entrée à l'université, il doit travailler comme instituteur remplaçant dans un village de montagne situé à une trentaine de kilomètres de Matsusaka
Sur la recommandation d'un oncle, il entre à la Shōchiku Kinema, en qualité d’assistant-opérateur.
Il devient assistant-réalisateur dès l'année suivante, et dès 1927, il met en scène son premier film, Le Sabre de pénitence, collaborant pour la première fois avec celui qui sera le scénariste d’un grand nombre de ses œuvres futures : Kogo Noda.
Au milieu des années 1930, il devient l’un des réalisateurs les plus célèbres du Japon, qui se reconnaît dans sa façon sobre et minimaliste de filmer, autant dans la comédie que dans le drame. Mobilisé en 1937 il va passer 20 mois en Chine, puis réquisitonné en 1943 pour un film de propagande à Singaour, il refuse de le faire et y reste jusqu'à la fin de la guerre. Fait prisonnier il ne rentre au Japon qu'en 1946.
Il affine alors ses réalisations, avec des films tels que Le Goût du riz au thé vert (1952), dont le scénario avait été bloqué par la censure en 19391...
... et surtout Voyage à Tokyo (1953), souvent considéré comme son chef-d’œuvre.
Cette photo prise lors du tournage de "voyage à Tokyo" le montre au côté de son actrice fétiche HARA Setsuko
Ses films sont alors de plus en plus épurés. Il renonce à tous les effets de sa période d'avant-guerre, préférant le plan moyen fixe à tout autre, avec cette particularité que la caméra est généralement placée très bas, presque au niveau du sol (ce qu'on appelle parfois le « plan tatami », obtenu grâce à un pied de caméra qu'Ozu fit fabriquer spécialement). avec de magnifiques plans de coupe.
Ces plans de coupe jouant sur les lignes verticales et horizontales, les perspectives, le plus souvent en intérieur, laissant quelques secondes au spectateur pour s'imprégner d'une atmosphère, donnent au film un ton paisible, un sentiment d'apaisement et d'équilibre. Quelques exemples
le plan tatami
Les perspectives :
les lignes :
Brèves pauses du regard sur des lieux vides(mais non inhabités) parfaitement construits :
Il est à noter son goût pour une certaine couleur bleu-vert qui domine particulièrement dans les intérieurs de bureaux à l'occidentale ...
Je recopie là intégralement le texte de Wikipedia car j'y trouve exactement ce que j'aurais voulu dire et sur mon ressenti :
La trame des récits est toujours très simple et comporte peu d’actions spectaculaires, voire aucune. Le cinéaste reprend sensiblement, d'un film à l'autre, le même canevas, très ténu, et des personnages identiques (interprétés d'ailleurs par la même troupe d'acteurs). La répétition, la légère nuance, la scrutation d'infimes détails, la saisie de gestes rituels et la dilatation du temps, perçu comme une entité immobile, sont au cœur de son dispositif. Ozu, en effet, semble s’intéresser peu à la dramatisation et cherche, par l’extrême sobriété et densité de la forme cinématographique, à atteindre l’essence même de ce qu’il filme. En cela, il est d’ailleurs fidèle à une longue tradition artistique japonaise. Ainsi que le souligne Donald Richie, qui fut l'un des premiers critiques occidentaux à s'intéresser à l'art d'Ozu : « Son art cinématographique est formel, d'un formalisme comparable à celui de la poésie. (...) Ozu est proche des grands maîtres du sumi-e et du haïku. C'est à ces qualités spécifiques que se réfèrent les Japonais quand ils parlent d'Ozu comme "du plus japonais". » |
C'est absolument ce à quoi j'ai pensé en regardant "fleurs d'équinoxe" et "fin d'automne", dont les titres d'ailleurs font immanquablement penser aux haïkus de saison chers aux Japonais. Je dois là souligner qu'on n'a pas intérêt à voir ses films à un rythme trop rapproché, car aux premières images on a l'illusion de voir le même film, et il faut un effort d'attention pour distinguer les différences, puis cela disparaît au fur et à mesure que l'on se laisse emporter par l'histoire ...
Ozu a beaucoup de mal à accepter les innovations techniques. Il n'a adhéré au parlant qu'en 1936, et il a longtemps résisté à l'utilisation de la couleur, réussissant sur ce point à tenir tête aux pressions de la Shōchiku jusqu’à la fin des années 1950, période à laquelle il finit par céder pour le tournage de Fleurs d'équinoxe. |
Il prend finalement un tel plaisir à réaliser ce film qu'il décide de tourner ses cinq derniers films en couleur (dont l'ultime : Le Goût du saké, 1962). |
Rien que le titre donne envie de le voir !!
En dehors du cinéma, les seuls centres d'intérêt d'Ozu semblent avoir été la littérature, la boisson, la peinture et la musique. À partir de la mort de son père, en 1936, il habite avec sa mère.
Il meurt peu après elle, d'un cancer, le 12 décembre 1963, jour exact de son 60e anniversaire.
J'ai longtemps cru que c'était un suicide à cause de la coïncidence des dates et parce que c'est un Japonais, mais non, c'est seulement le destin !!
L'œuvre d'Ozu comprend 54 films, et commença enfin à être encensée en Europe après sa mort, alors qu'elle avait été presque totalement ignorée durant toute sa vie.
Des cinéastes comme Wim Wenders le placent au dessus de tous comme un maître incontesté.
Ozu ne s'est jamais marié. On peut supposer toutefois qu'il a entretenu une relation très intime avec l'actrice
Setsuko Hara :
et au moment du tournage de "Fin d'automne"
celle-ci est en effet la seule actrice avec laquelle il a travaillé qu'il ne mentionne jamais dans ses carnets intimes, et Setsuko Hara, pourtant star très populaire du cinéma japonais depuis les années 1930, interrompit brutalement sa carrière à la mort d'Ozu, et vit (elle a 92 ans ...)depuis retirée à Kita-Kamakura ; or c'est dans le Engaku-ji de cette ville que reposent les cendres du cinéaste.
La tombe de Ozu avec le kanji mu
Sa tombe est gravée du seul caractère 無 (mu, prononcé « mou »), un terme venu du bouddhisme zen, que l'on peut traduire par « le rien constant », « l'impermanence », trop souvent rendu en français par « le néant », « le vide ». Il ne faut pas y voir la connotation négative occidentale d'absence, de disparition, de « nihilisme », mais au contraire le sens extrême-oriental, qui est l'idée de faire un avec l'univers, de se fondre dans ce qui nous entoure.
Cette dernière phrase place plus que jamais Ozu au cœur de l'essence même du Japon et en fait le parfait symbole.
L’œuvre d'Ozu reste inconnue en France jusqu'en 1978. En 1978, trois films sortent sur les écrans français : Voyage à Tokyo, Le Goût du saké et Fin d'automne. Gosses de Tokyo sort en 1980.
J'ai donc vu deux de ses films en couleurs (fleurs d'équinoxe et Fin d'automne)et tout ce qui est dit précédemment s'y retrouve ... Il faut aimer les voyages immobiles dans les évènement microscopiques de vies banales qui sont en réalité les archétypes mêmes de l'humanité, aimer les films sans action mais où les tensions sous-jacentes, le poids des traditions et le goût de la vie transparaissent sans cesse en filigrane, en touches délicates constituant peu à peu tout un univers.
Il y est question de mariage, arrangé ou pas, de deuils, d'amitié, d'amour et de déceptions amoureuses .... la vie elle-même, quoi ...
Une amie m'a fait remarquer que j'en donnais une image dissussive : pas d'action, plans fixes etc,. le fait est que c'est l'aspect essentiel, mais il y a aussi une peinture vivante, souvent drôle des caractères des personnages, et surtout une atmosphère qui vous prend insidieusement dans ses rêts ténus qui vous fait entrer dans un univers ...
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